01. Pourquoi avoir voulu travailler ici et quel métier exercez-vous? › Tout le monde croit que je suis en stage. Je leur ai raconté que je souhaite devenir intervenante en délinquance juvénile, ce qui est complètement faux. Je suis peut-être étudiante en technique de travail social, mais je me suis inscrite uniquement pour avoir accès aux bourses. En réalité, je suis bénévole ici pour rester près de ma soeur.

02. Avez-vous déjà été en contact direct avec des criminels? › Tous les jours, depuis ma naissance. Fille d'une alcoolique dénuée d'estime de soi, j'ai pratiquement été élevée par les gang de rues qui étaient actives dans le quartier. Je baigne dans la criminalité depuis toute petite et ce n'est pas pour me déplaire. Je me sens plus libre, plus vivante grâce à mes méfaits.

03. Comment réagiriez-vous s'il y aurait une situation de crise? (Émeute, meurtre, etc) › Je survivrais. J'ai toujours été douée là-dedans. Je trouverais quelque chose pour me défendre ou une cachette et j'attendrais le bon moment pour déguerpir au plus vite. J'ai appris assez jeune qu'il ne fallait pas toujours s'interposer lorsqu'un conflit éclatait.

04. Est-ce que la prison vous fait peur ou, au contraire, vous vous en fichez totalement? › Honnêtement, je  me sens plus en sécurité à l'intérieur de la prison. Au moins, là-bas, les psychopathes et autres criminels sont enfermés, contrairement à Montréal Nord. Je risque plus à me rendre là-bas qu'à y passer la journée.

05. Que pensez-vous du PACA (programme anti-criminalité anticipé)? › L'idée de base est assez bonne. Enfin... Ça ne prenait pas un génie pour y penser, mais c'est bien trouvé. Par contre, je trouve les directeurs un peu trop naïfs de croire que ça aura réellement un impact sur les gens. Quand on grandit dans la rue, on ne s'en sort pas et ce n'est pas un séjour en centre de détention qui changera ça. Au contraire, on trouve souvent d'excellents mentors en prison...

06. Que pensez-vous faire une fois le programme terminé? › Je serai probablement déjà morte d'ici là, mais si je suis assez chanceuse pour être toujours en vie, je retournerai à ma petite vie tranquille. Je louerais probablement un appartement avec mes soeurs et je retournerais à mes activités habituelles dans ma gang. Puis je recommencerais à me lever passer midi. Je crois que c'est ce qui me manque le plus depuis que je me suis proposée comme bénévole.

07. Comment comptez-vous traiter les détenus? › Ça dépend. Chaque cas est différent, chaque personne est différente. Si j'aime le détenu, je serai gentille à ma façon. Mais si je ne l'apprécie pas, je le lui ferai savoir discrètement. Je ne tiens pas à me faire mettre dehors, surtout qu'il s'agit de ma seule chance d'être aussi souvent près de ma soeur.

08. Pensez-vous pouvoir apporter quelque chose d'exceptionnel à la prison? › Ce que vous êtes drôles! Je ne suis pas ici pour innover. Je ne suis même pas ici pour travailler, c'est peu dire! J'ai beau faire semblant, je m'en irai au moment où la sentence de ma soeur se terminera et on m'oubliera aussitôt.

09. Êtes-vous sujet à devenir violent si un détenu vous provoque? › Normalement oui, mais je tiens à préserver les apparences, alors je me fais discrète. Les choses seraient vraiment différentes si j'étais de l'autre côté des barreaux.

10. Un détenu vous menace avec une arme blanche improvisée et personne n'est aux alentours pour venir vous aider, que faites-vous? › Tout dépend de la personne qui tente de m'agresser. Si il ou elle semble manquer de confiance, qu'il ou elle ne m'effraie pas du tout, je risque de leur rire en plein visage. Mais si je me retrouve face à un psychopathe, un criminel endurcie qui pourrait me briser en deux d'une main, je risque de me pousser. Je cours vite, alors j'aurai mes chances.